L’Idea Management, une nouvelle tendance.

L’intérêt autour de l’Idea Management a été suscité par Johan Vercruysse.

La gestion des idées (ou idea management en anglais) devient un must en matière de techniques de management.

Le pourquoi est simple. Confrontée à un environnement de plus en plus concurrentiel, obligée d’innover sans cesse, que ce soit au niveau des produits ou des processus, l’entreprise se doit aujourd’hui d’exploiter tous les gisements d’idées, quel que soit le rôle et la position dans l’organigramme.

La tendance s’inscrit logiquement dans la démarche d’un management plus participatif, et est cohérente avec une demande de plus grande proactivité de la part de tous les acteurs de l’entreprise.

Difficile enfin de ne pas y voir l’influence d’Internet et du phénomène des réseaux sociaux en particulier.

L’utilisation du mot gestion laisse comprendre que pour être efficace dans l’exploitation des idées de tous il ne suffit pas de mettre en place une boîte à idées. Et qu’elle soit virtuelle sur l’intranet de l’entreprise ne change rien à la donne.

Un blog est également trop court : la dispersion (voire le désordre) surviendra à un moment ou à un autre, avec pour risque de voir l’initiative finalement s’éteindre, les participants devenant agacés par le côté Café du Commerce qu’affiche progressivement son fonctionnement.

De facteur de motivation avéré s’il est bien conduit, la gestion des idées peut aussi être, si on n’y prend garde, un facteur de démotivation.

La gestion des idées est un processus à part entière, dont les étapes majeures sont :
– le ciblage (l’objectif poursuivi);
– la saisie (la “cueillette” d’idées sur une cible);
– la sélection (l’analyse des idées prometteuses selon les critères annoncés lors du ciblage);
– la mise en œuvre.

Le ciblage vise à définir l’objectif de la “cueillette” et à fixer un délai de clôture. On parle d’axe, de challenge, de campagne.
Les systèmes efficaces reposent donc clairement sur une recherche d’idées ciblées plutôt que sur un ensemble d’idées générales ou spontanées.
Ceci ne veut pas dire que les idées spontanées n’ont pas leur place dans la démarche. Mais ce n’est pas suffisant.

La sélection (ou l’évaluation, ou l’approbation) a pour but d’évaluer les idées récoltées. On comprend vite que, au moins les idées sont cadrées (pas de ciblage), au moins il est facile de trouver des évaluateurs correctement choisis. Si le ciblage est par contre calé sur un objectif stratégique, on trouvera bien plus facilement les ressources nécessaires pour une démarche de sélection efficace et objective. Soulignons ici l’impérieuse nécessité d’éviter le travers de la complaisance (le phénomène inverse n’est pas non plus à écarter en cas de tensions entre l’auteur et les évaluateurs). Un danger bien présent si l’évaluation ne fait pas l’objet d’une approche stricte avec des critères dûment définis. La sélection doit être effectuée de façon rapide et peu coûteuse.
Un feedback est impératif vers l’auteur avec une argumentation circonstanciée, sous peine de ne plus le voir participer à la prochaine campagne.
 
Récolter des idées pour ne rien en faire n’a aucun intérêt. Il s’agit d’activer les personnes et non de les agiter. Les bonnes idées doivent faire l’objet d’un projet. La mise en œuvre doit faire partie du cycle de vie de l’idée, avec à cette étape aussi un feedback vers son auteur.
Réaliser les bonnes idées rend évidemment le processus crédible aux yeux des employés : ils voient que leur mobilisation est utile, ils comprennent mieux l’influence qu’ils peuvent avoir dans l’entreprise.

Il est aussi important de souligner que la culture d’entreprise joue un rôle prépondérant dans la réussite durable d’une démarche de mise en place de gestion des idées. Parce que l’esprit d’équipe est important. Le but n’est pas de satisfaire les egos mais bien de maximiser les effets de la fertilisation croisée : mon (ton) idée a peut-être déclenché  ton (mon) idée. Le passeur est aussi important que le buteur.

Une bonne plate-forme de gestion des idées doit aussi offrir, entr’autres :
– la gestion de l’historique des idées ;
– des outils décisionnels ;
– des tableaux de bord ;
– la possibilité de limiter des campagnes à un public restreint (attention à la fuite des bonnes idées reprises par la concurrence) ;
– des statistiques ;
– des rapports ;
– …

Les softs qui se réclament (souvent abusivement) de la gestion des idées se multiplient. Avec un niveau de fonctionnalités très inégal. Quelques très bonnes solutions existent, mais la prudence est de mise.

De plus en plus appliquée dans le secteur privé, la gestion des idées devrait, on peut l’espérer, gagner rapidement ses premières lettres de noblesse dans le secteur public.

Sous réserve d’un processus complet et de bout en bout, du respect des bonnes pratiques du domaine … et des personnes (pas de feedback vexatoire en particulier), le potentiel de la démarche est tout simplement énorme.
Ayant participé dans une vie professionnelle antérieure à plusieurs démarches de ce type, dans le cadre de ce que l’on appelait alors l’analyse de la valeur, je peux faire état de quelques beaux témoignages en ce sens.

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